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Château ducal de Cadillac
Édifié de 1599 à 1633 pour Jean-Louis de Nogaret de La Valette ( 1554-1642), cadet de Gascogne devenu premier duc d’Épernon, le château de Cadillac relève des débuts de l’architecture à la française. Ce palais d’allure classique, aux fastueux décors intérieurs, est bien plus qu’une demeure: il souligne le rang atteint par son commanditaire, «demi-roi» qui construit pour la postérité. Le château, grandiose, accueille vite les plus grands mais sert moins d’un demi-siècle. Bernard ( 1592-1661 ), second duc d’Épernon, meurt sans héritier direct. Au XVIIIe siècle, le palais est amputé de ses deux ailes et de ses quatre pavillons d’angle.
... transformé en prison au XIXe siècle
Saisi à la Révolution française, l’État décide en 1818 d’installer au château la première Maison centrale de force et de correction pour femmes en France. Pour l’adapter à cette nouvelle fonction une conciergerie et deux ailes basses sont construites pour refermer la cour. Les conditions d’incarcération sont implacables tout au long du siècle. Au xxe siècle, des jeunes filles remplacent les détenues dans une «école de préservation », qui ferme en 1952. Depuis, de grandes restaurations ont restitué le château d’origine sans occulter le passé carcéral, pour présenter cette double histoire avec justesse.
En 1818, l’État rachète le château pour installer la première Maison centrale de force et de correction pour femmes de France. Les motifs d’enfermement vont du larcin au crime de sang (dont nombre d’infanticides, par des femmes souvent abusées). Une discipline de fer prévaut avec, 6 jours sur 7, 12h à 13h de travaux forcés. Le silence absolu est la règle contrôlée par des religieuses. Malnutrition, froid, cadences infernales et surpopulation engendrent jusqu’à 18 % de mortalité certaines années. Au total près de 10000 femmes ont été détenues à Cadillac au xixe siècle.
Une école de «préservation»
En 1891, des jeunes filles remplacent les prisonnières. Elles sont vagabondes, mauvaises filles, infanticides encore, ou placées par le père - qui a tous pouvoirs. Celles jugées «sans discernement», donc acquittées, entrent sans âge minimum, jusqu’à la majorité (21 ans). En 1928, un incendie, sans doute dû à une mutinerie, ravage la partie nord du château.
La fin du château-prison
Malgré des tentatives d’évolution (surtout après 1945), le passé pénitentiaire pèse lourd. L’institution ferme en 1952 après deux suicides de pupilles. L’État affecte aux Beaux-arts un château très abîmé. Des travaux d’urgence sont menés, et quelques manifestations accueillies. Au tournant du xxie siècle, des restaurations d’ampleur s’engagent: l’édifice valorisé revit, et s’attache à présenter avec justesse sa double histoire.
Le premier duc d’Épernon Un cadet de Gascogne
Issu d’une noblesse provinciale, Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642) naît au château de Caumont dans le Gers. En bon cadet, il est destiné à la carrière des armes. Avec son aîné, ils combattent au temps des guerres de Religion à la suite de leur père. En 1573, ils participent au siège de La Rochelle mené par le duc d’Anjou, futur Henri III.
L’ascension jusqu’au sommet
Habile et ambitieux, Jean-Louis est vite remarqué et se place à la cour. En 1581, Henri III le fait duc d’Épernon et pair de France. Colonel général de l’Infanterie, il tient les armées, gouverne des provinces stratégiques, et cumule fortune, honneurs et haines. En 1587, il épouse Marguerite de Foix-Candale, issue d’une grande famille qui étend ses possessions dans le sud Ouest. Elle meurt dès 1593, après la naissance du troisième fils. Le duc s’assure de l’héritage et affirme sa lignée: dans le fief de Cadillac il fait bâtir ce château, qui manifeste son rang, pour la postérité de sa lignée.
C’est dans l’adversité qu’il brille le plus
Après l’assassinat d’Henri III en 1589, le catholique Epernon a des relations méfiantes avec Henri IV, que Ravaillac tue en 1610. Insubmersible, le vieux duc favorise la régence de Marie de Médicis, place ses fils et réseaux, fournit des gardes pour les mousquetaires de Louis XIII, gouverne la Guyenne. Mais le cardinal de Richelieu le marginalise. Quand l’absolutisme gagne, il est un des derniers grands féodaux. Il meurt en résidence surveillée à Loches, entrant dans sa 88e année.
Découverte du château
1-La cour et l’escalier d’honneur
Le corps principal du château et l’amorce des ailes témoignent de son architecture classique. Les ailes basses, construites pour la prison, relèvent du XIXe siècle. Au centre du logis, l’escalier d’honneur distribue tous les niveaux, depuis le sous-sol en rez-de-jardin jusqu’aux combles. Il donne au rez-de-cour sur les appartements ducaux, au premier étage sur les appartements royaux. Chaque appartement est composé d’une suite de pièces en enfilade.
Au Rez-de-cour
2-L’appartement du duc
La salle conserve sa cheminée monumentale - alors que les autres décors ont disparu dans l’incendie de 1928 -où trône Le Grand duc I de Julien Salaud (2017), puis une croix placée au xixe siècle pour la chapelle de la prison. Aux murs, L’Odyssée d’Ulysse, d’après des cartons de Simon Vouet, est à l’image des tapisseries historiées d’origine, présentant un événement historique, un cycle religieux ou un héros de l’Antiquité. Les portraits d’Henri IV et de Marie de Médicis complètent ce décor. L’antichambre abrite la plus ancienne cheminée du château, et présente trois tapisseries, dont deux sur les Héroïdes d’Ovide - notamment Phèdre. Elle donnait côté jardin sur la chambre d’apparat, dans le pavillon d’angle. Au xixe siècle, elle a 
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