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homme poilue eglise saint eulalie Au XVe siècle le thème de l’homme sauvage (l’homo sylvestris et pilosus) mi-homme, mi-animal est assez fréquent dans la culture populaire et religieuse. Ce personnage dont le corps est recouvert de poils comme un ours surgit parfois dans le décor sculpté des cathédrales, églises et châteaux de la fin du Moyen-âge. Sur le chevet de l’église Sainte-Eulalie daté par une inscription de 1476, il occupe la retombée des arcs qui encadrent une baie de l’abside orientale. Ce thème connaît un vif succès. C’est l’antithèse de l’homme civilisé et humaniste cher à la Renaissance. Il apparaît seul ou en couple comme sur le chevet de l’église Sainte-Eulalie de Bordeaux. Recouvert de longs poils, il est représenté avec une barbe et une longue queue et vit dans la forêt, milieu hostile et redouté par l’homme médiéval. Il incarne le mal, une créature satanique, l’animalité furieuse, un intercesseur entre le monde des esprits et des vivants. A la fois naturel et surnaturel, inférieur et supérieur à"l’homme civilisé", il dérange les esprits. Dans la littérature médiévale il prend le nom de"velus"en raison de sa surabondante pilosité. SCULPTURE DE L’HOMME SAUVAGE On trouve d’autres hommes sauvages notamment dans l’Indre (Levroux) ainsi qu’à Venise. Le chevet de l’église Sainte-Eulalie arbore, à droite du grand vitrail, une superbe et méconnue sculpture représentant un homme barbu recroquevillé, couvert de poils, qui tient dans ses deux mains une corde tressée. Cette sculpture évoque un «Homme sauvage», une figure récurrente de l’iconographie médiévale apparue au XIIe siècle dans toute l’Europe sous diverses formes. Le plus souvent muni d’un bâton, couvert de poils, d’écaillés, voire de feuilles, il est le symbole des forces primordiales et animales de l’être humain. La corde tenue entre les mains est un autre symbole de cette animalité contre laquelle nous devons lutter: elle nous lie et nous empêche donc d’être libre. Contrairement aux apparences, l’homme sauvage n’est donc pas une créature satanique mais la Figuration de notre composante animale. Sculpté sur la façade, d’une église, il est aussi une incitation à se tourner vers le divin en opérant un véritable retournement intérieur, souvent représenté dans les églises par des figures d’un contorsionniste avec la tête entre les jambes. Symboliquement, c’est ainsi à partir de l’acceptation de sa condition «animale» que l’homme peut effectuer une transformation: en intégrant sa part d’animalité, sans la refouler, il pourra alors la maîtriser pour enfin pouvoir s’élever vers le divin. 33000 Bordeaux Source, origine et suite: Bestiaire de Bordeaux. Edt.Cairn Rechercher avec Google Rechercher avec bing.com Waypoint:
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